Retour dans le passé pour une pratique du présent. C’est ce qu’offre la pratique des katas dans certains styles notamment okinawaïens ou directement en lien dans le sud de la Chine.

Il ne faut cependant pas se tromper dans la recherche à mener et la façon d’envisager l’étude du karaté à travers ces styles. Nous sommes là dans une pratique diamétralement opposée à celle des sports de combat. Pourtant, leur efficacité est bien réelle, moyennant quelques adaptations lorsqu’il s’agit de kumité face à plusieurs adversaires. Contrairement à ce qui peut être perçu, ce karaté n’est pas forcément un karaté de « musée » ! Ce n’est pas l’ancienneté qui en fait quelque chose de désuet ! Pour cela, il faut considérer en profondeur l’étude du geste, séparément, avec des principes peu connus en France mais qui enferme une véritable éducation du corps autant physiquement que sur le plan de l’interne. C’est un travail fastidieux mais qui en vaut la peine. On comprend également mieux pourquoi certains experts manifestent une gestuelle avec une dynamique du corps parfois assez bluffant. Le travail lorsqu’il est mené avec une telle profondeur engendre une autre qualité dans la technique mais également dans l’approche mentale qui accompagnera la progression du karatéka.
Pratiquer le Koshiki Kata, mais à condition de laisser de côté les réflexes corporels acquis d’un autre style, sera juste et bénéfique si et seulement si on se tient à mettre en œuvre certains paramètres dans le corps. Cela demande alors beaucoup d’humilité et une considération autre de ce type de pratique du Karaté qui, au sein même de notre école, le Tengu-ryu, a une véritable place.

À travers les kumité, l’assimilation des principes sous-jacents de la pratique des Koshiki Katas verra jour. Au Dento Budo Dojo, nous nous employons à mettre en œuvre ces concepts mais accompagnés d’autres, ce qui ouvre à un karaté d’étude très inspirée des formes anciennes avec une modernité qui doit répondre à certaines formes d’agressivité, notamment pour en citer une, celle face à plusieurs adversaires.

Du Shorin-ryu de Sensei Higa Yuchoku, nous avons vu Bassai dai, du Uechi-ryu le kata Sanchin, de l’Itosu-ryu le kata Papuren, à ne pas confondre avec le kata Happoren, qui, rappelons-le, fait partie du vieux style de la grue selon feu Sensei Ohtsuka Tadahiko, ainsi que Hakufa également pratiqué au cours de ce stage. Tous ces katas de par leur appartenance doivent également être considérés dans l’approche même de leur style d’origine. Une difficulté dans la difficulté ! Mais c’est aussi l’occasion d’enrichir sa propre pratique dans les sensations qui s’en découlent.

Notre groupe de karatéka présent à ce stage a, souhaitons-le, eu une nouvelle fois l’occasion d’enrichir son approche du Koshiki kata. C’est une pratique qui est fortement travaillée et démontrée au C.C.A. à Sélestat, là où se situe notre lieu de pratique. Notre Sensei, Jean-Claude Bénis, a une pratique du Koshiki kata qu’il enseigne au Dento Budo Dojo avec en plus des exercices qui leur sont spécifiques pour aller plus loin dans la mise en œuvre du karaté de chacun. C’est à la fois passionnant, mais aussi déroutant. Il est parfois difficile de comprendre que certains processus ne peuvent se manifester qu’après un long travail dont on ne peut entrevoir des résultats qu’après un temps assez long. Ce n’est évidemment pas dans l’air du temps où tout doit aller vite !

Une œuvre ne peut que se manifester après une grande maturité et une pratique assidue et constante dans l’effort. À l’image du Koshiki kata, c’est peut-être aujourd’hui d’un autre temps…

Merci au Soké Roland HABERSETZER qui nous permet de considérer cette pratique ancienne pour l’inclure dans la réflexion de notre karaté moderne propre au Tengu-ryu. Construire sur le passé pour se projeter dans l’avenir c’est aussi cela la tradition de notre école, le ryu.