2011, carte de nos vœux
2011, Nos vœux…
Une année vient de passer. Une année souvent difficile, parfois même marquante pour certains d’entre nous. Inutile de vouloir rappeler toutes les catastrophes naturelles, où celles encore générées par l’homme lui-même, qui ont fait des dégâts aussi bien matériels qu’humains. Parfois nous subissons un phénomène dont nous ne sommes directement responsables, encore que…
Mais la nouvelle année est là. À cette occasion, je vous souhaite, au nom de notre association, Dento Budo Dojo, nos meilleurs vœux pour 2011. Et puisque nous sommes ici dans un cadre bien spécifique - celui de la pratique des arts martiaux - nous vous souhaitons également une bonne progression dans la voie que vous avez choisi d’entreprendre, en comprenant bien son contenu qui vous offrira, si celui-ci est bien orienté, de la lumière dans votre vie… nous parlons de la lumière qui éclaire, mais pas de celle qui éblouit les autres et qui a pour seule conséquence de rendre aveugle…
Aujourd’hui nous assistons à de nouveaux types de comportement devant des phénomènes qui peuvent nous surprendre. Dans notre société nos façons de vivre, aussi différentes les unes des autres, nous laissent croire que tout doit toujours aller comme on le veut. Pourtant, et ce n’est pas les exemples qui manquent, il n’en est rien ! Des cataclysmes nous ont surpris… parfois des émeutes, ou des agressions, de plus en plus effectuées en groupe et d’une grande violence, ont contribué aux lots des mauvaises surprises… Que deviendra notre civilisation si nous ne nous comportons pas autrement face à des moments difficiles ? Il serait temps de porter un autre regard sur ces divers phénomènes pour d’abord, prendre de la distance, et ensuite agir en conséquence afin de construire et non de détruire. Mais évidemment, cela demande à mettre un peu de côté son petit « moi » et de s’ouvrir au dehors du « moi » Un gros programme… mais c’est aussi celui de nombreuses traditions qui ont bien voulu se mettre au service de l’humanité. Il se trouve que la « Tradition martiale », celle qui se réfère à l’enseignement déposé par un maître à son ou ses disciple(s), a cette vocation… celle de faire qu’un être humain puisse marcher droit. Cela sous-entend qu’il y a dans son contenu spirituel, des garde-fous qui ont valeur éducative afin de canaliser cette énergie animale qui sommeille en nous et qui peut à tout moment se révéler. C’est la raison pour laquelle nous avons aujourd’hui, encore plus que jamais, besoin d’« outils » qui nous permettent de discerner ce qui est essentiel dans ce monde où l’objet veut prendre la première place devant l’être humain.
Nous avons la chance dans notre société d’être matériellement bien outillé. Mais attention à ne pas se déshumaniser : la relation aux sujets devra toujours garder la première place face aux objets. C’est aussi ce qui est enseigné dans notre école, le Tengu-no-ryu… un espace où l’homme et la Voie sur laquelle il chemine sont au centre de sa vie. Dans une pratique comme la nôtre, si pour une part elle est tournée vers soi — ce qui en fait le cheminement de chacun — elle est aussi, et davantage encore, tournée vers les autres… car convaincu qu’elle n’apporte que des ondes positives…
Que ces ondes, actives, et non radioactives, puissent rayonner et venir vers vous… dans un souci de protection, et peut-être un jour, de réalisation.
Janvier 2011
Jean-Claude Bénis
Le Gembukan
Au Dento Budo Dojo
Avec la venue de Sensei Pierre Portocarrero et Sensei Roland Habersetzer dans notre dojo. Vous imaginez notre enthousiasme !
Quand on sait que Sensei Habersetzer est le premier disciple étranger de O-Sensei Tsuneyoshi Ogura et dont il a reçu le titre de Shihan (maître d’armes), et quand on sait, qu’après concertation auprès de ce premier, Sensei Portocarrero est le représentant en France, ou plutôt en Europe, du Gembukan, dojo de O-Sensei Ogura, on ne peut qu’éprouver une joie intense, pour soi, mais surtout pour tous les membres du Dento Budo Dojo qui pratiquent le karaté avec cet état d’esprit que O-Sensei nous a légué à travers ses disciples…
L’enseignement fut orienté autour du Fukyu kata nidan, selon l’enseignement du Gembukan, avec de nombreuses applications. Celles-ci, directes, ou subtiles par les dérivations empruntées d’autres katas, comme Seienchin par exemple, nous a permis de voir que si le Fukyu kata a une apparence simple, que ce soit d’un point de vue technique, comme de l’orientation spatiale (embusen), il enferme à lui seul de véritables clés de compréhension de l’art… C’est justement dans la simplicité que se cache la subtilité… à condition de bien vouloir exécuter un travail de fond pour comprendre.
J’avais pour cette occasion « préparé » mes élèves avec ce même kata… mais par certains aspects celui-ci différait de celui de Sensei Portocarrero, car le kata que m’avait enseigné Hisanori Ogura, fils et Hanshi du Gembukan au Japon, a pour source le Goju-ryu de Meitoku Yagi, un style okinawaien. Heureusement, ces différences sont mineures. Mais c’est de toute façon toujours intéressant de voir les variations entre les différentes formes pour enrichir sa pratique. Le plus intéressant étant de goûter à la profondeur des lignes de forces à mettre en place, ce qui pour des pratiquants qui ont pour base le Shotokan, n’est pas toujours chose aisée. Mais évoluer, c’est aussi se confronter à de nouvelles sensations pour ne pas rester sur une position qui pourrait à long terme se solidifier à tel point que notre cerveau lui-même pourrait se transformer en un véritable caillou !
La généalogie du Gembukan
Rappelons-nous : ADEM… Appréciation, Décision, Engagement et Mobilité, acronyme faisant partie du Tengu-ryu ! Au dojo, à Sélestat, l’appréciation consiste à faire le tri de ce qui est « bon » ou « mauvais » pour notre pratique ! La décision est justement d’aller, ou non, dans d’autres directions pour enrichir sa pratique de l’art. L’engagement résultera d’une décision active, par ses faits et gestes, mais sans oublier la parole qui doit toujours accompagner pour expliquer, un principe de base dans la pédagogie… Et enfin la mobilité qui se traduit au dojo par les Kumite, où l’espace s’ouvre à divers styles de karaté. Pour nous, qui avons une base Shotokan, il est évident que s’ouvrir au Goju-ryu devient un apport considérable. Sans oublier également les principes techniques, plus loin, énergétiques, qui proviennent du Shorin-ryu, complétant tous ces apports, déjà riches, pour vivre une liberté plus grande dans une situation de défense. Ne pas être prisonnier de la technique, mais seulement s’en servir pour ses fins… qui ne sont pas exclusivement orientées à la défense. C’est un long chemin que de vouloir construire le corps… avec l’état d’esprit qui doit correspondre et faire écho à l’environnement de moins en moins - faut-il le dire ? - pacifique.
Les karatékas furent comblés, d’autant plus que Sensei Habersetzer apportaient ponctuellement quelques précisions afin d’éclaircir des concepts vus Tengu-no-michi au travers des explications et des démonstrations de Sensei Pierre Portocarrero.
C’était pour nous une première… mais nous souhaitons tous que ce ne soit une dernière… vous l’imaginez bien !
On ne peut que remercier les deux Sensei de leur gentillesse et du temps qu’ils ont bien voulu nous consacrer… pour nous pousser, toujours plus loin, dans notre pratique et la réflexion qui s’y rattache et qui va bien au-delà du simple « vouloir bouger son corps »…
Jean-Claude Bénis
Ceintures Noires
Du nouveau…
Notre association a la joie de voir notre secrétaire Patrick JOSEPH progresser sur la voie du Tengu… puisqu’il a obtenu le grade de SHOSHI, c'est-à-dire de 2e dan de Karaté-do Tengu-ryu. Notre joie fut doublement comblée avec Christian BONIN, membre actif également de notre association, mais rattaché au dojo d’Eschau, qui a lui-même reçu le grade de SHOSHI.
Le passage de grade est en soi une véritable épreuve, à la fois physique, mais peut-être encore plus psychologique avec un certain stress présent chez les candidats… et pourtant bien loin de celui qui pourrait voir jour lors d’une confrontation réelle…
Quel que soit le vécu personnel des candidats, on ne peut que féliciter « nos » nouveaux deuxième dan.
C’est aussi pour notre dojo une valeur ajoutée en voyant ses membres « monter » en grade, car ils seront de plus en plus regardés par ceux qui chaque année, nouveaux, nous rejoignent. Certes, si le grade n’a jamais été perçu en soi comme une fin, mais juste un éclaircissement sur la progression, il a cependant pour « mission » d’orienter des objectifs dans la pratique. Ces derniers, sont, on s’en doute, bien différent selon là où le karatéka est positionné. C’est donc avec assiduité, constance et passion que ces candidats ont pu valider certains de ces objectifs, permettant ainsi de poursuivre ce chemin qui réservera encore bien des surprises…
Pour la petite histoire, Patrick est une personne qui venait pour pratiquer le Tai Chi Chuan… Et finalement il a succombé également à la pratique du karaté, avec passion, et pour preuve son assiduité irréprochable. Quant à Christian, il n’hésite pas non plus à se déplacer d’Eschau pour se perfectionner.
Encore un grand bravo à vous deux… et on n’oublie pas les autres… qui continuent, dans l’ombre aujourd’hui, dans la lumière demain, pour se perfectionner et prendre le même chemin de leurs aînés, les Sempai.
Les deux premières photos qui suivent sont de Jean-Claude Bénis, les suivantes d'Isabelle JANS du dojo d'Alex Hauwaert, le "Budo Research Centrum Halle".
Hommage
Jacques FAIEFF
Jacques Faieff, l'un des experts du CRB-IT, eut une sacrée surprise lorsqu'il reçut par Shihan Roland Habersetzer le grade de KYOSHI-HO, ce qui correspond à "Maître éducateur" dans la tradition de notre Ryu. C'est d'autant plus exceptionnel que Jacques est le premier à recevoir ce grade de la part du maître… En consultant les archives (qu'on nous pardonne le terme ! ...) du Tengu-no-michi on peut comprendre ce qu'est un tatsujin (un homme droit) par sa fidélité, son dévouement, ... mais la liste des qualités serait trop longue à énumérer, pour dire que l'intégrité de la démarche de cet expert fait de lui un homme reconnu aux yeux de tous, et depuis bien longtemps d'ailleurs !
Toutes nos félicitations Jacques…
Éditorial de mars 2011
L’échec face à ce qui nous entoure aujourd’hui… réponse relative et personnelle.
Les sentiments qui émergent en nous sont la plupart du temps remplis de confusion, laissant un paysage où le brouillard marque une véritable présence, contrairement à la clarté, trop souvent absente par manque de discernement. Cela se traduit par une déformation, liée à une mauvaise interprétation, de ce qui pourrait être perçu comme essentielle, fondamentale, voire à l’extrême vital.
Lorsqu’on regarde l’actualité sur le plan collectif, on perçoit rapidement que l’avenir qui se dessine devant nous laisse entrevoir quelque chose de difficilement définissable, voire de sombre pour l’humanité. Pour preuve, les désordres dans le Nord Afrique et le Moyen Orient qui manifestent une volonté de tendre vers la démocratie (ou une forme qui reste à définir mais qui s’en rapprochera). À l’exemple précédent, résultat d’un désordre culturel, peut se rajouter un désordre naturel, celui de tremblements de terre, au Japon, (et plus récemment dans la région de la Birmanie et de la Thaïlande) avec les conséquences que l’on connaît, celui d’un tsunami engendrant ensuite une catastrophe sanitaire.
Sur ce paysage actuel il est clair que l’humanité prend une mauvaise direction. Mais ce ne sera pas la première fois… L’Histoire nous l’a déjà montrée, mais apparemment nous ne comprenons pas les leçons qu’il faut en retirer…
Si nous nous plaçons sur le plan collectif, nous percevons la gravité de ce que cela peut engendrer, pour soi, pour nos proches, pour nos nations, pour l’humanité mais aussi toutes les espèces qui règnent sur notre planète.
À y regarder de plus près, les désordres à venir seront multiples, notamment sur le plan économique… qui peut se traduire par de nouvelles tensions sociales.
Alors, dans ce contexte pas très réjouissant, il faut faire le tri sur ce qui doit être prioritaire pour la bonne santé de chacun. Vous comprenez alors qu’une pratique d’un art martial comme le nôtre, et je parle bien d’art, pas de tout ce qu’on veut faire passer comme étant un art… nuance, et pas des moindres ! restera essentiel pour recentrer les hommes et les femmes de demain sur des fondations solides où les matériaux sont de véritables valeurs éducatives. Cette pratique s’inscrit dans un mode de vie, où seule l’implication avec constance peut avoir des effets porteurs d’une évolution enrichissante et positive. C’est aussi accroître son sens de la responsabilité, avec droiture, comme le tatsujin (l’homme droit).
Au fond, les maux qui nous entourent aujourd’hui pourraient se mettre sur une échelle de Richter ! La mort d’un proche, sans doute au plus haut sur celle-ci. La connaissance d’un cancer qui se développe peut également se placer assez haut sur cette échelle. Un accident engendrant un handicap également.
Et… l’échec lors d’un passage de grade ? Où peut-on mettre cela sur cette échelle ? Difficile d’y répondre, car cela touche au tempérament de chacun. Cela donne des réactions différentes, mais révélatrices de l’Ego… C’est de toute façon et aucunement à mettre au même niveau que les premiers exemples cités, car il n’y a rien de vital. Seul l’orgueil de chacun réagit, avec plus ou moins de tempérance… ou d’impétuosité !
Une chose certaine… c’est que l’échec engendrera une révélation, mais pas toujours celle qu’on aimerait vivre. Il faut être respectueux devant cette manifestation qui au fond nous fait progresser sur la Voie. Dès lors, de nouvelles questions apparaissent, souvent peintes de doutes, d’incertitudes sur le chemin entrepris, et touchant aussi bien au moyen (la technique employée dans un art) qu’à l’esprit du pratiquant (révélateur d’éléments spirituels).
Finalement, l’échec menant à un grade supérieur (touchant l’individu) est somme toute bien relatif aux échecs cités précédemment (touchant l’humanité, totalement, avec le nucléaire, ou partiellement, avec les guerres civiles). Mais la compréhension de notre pratique des arts martiaux s’effectue sur un chemin sinueux, parfois contenant des embuscades, mais qui, si elle est bien construite, assimilée, doit nous permettre de toujours nous conduire vers le sommet de la montagne, en nous relevant même après une chute… qui doit rester passagère sur ce parcours, mais qui au bout doit nous faire percevoir une connaissance plus profonde de la Vie avec ses valeurs qui lui sont intrinsèquement rattachées.
À tous ceux qui tombent, relevez-vous et continuez d’avancer, avec confiance…
Jean-Claude Bénis
Stage de printemps
Nous avons eu quelques places parmi les 80 stagiaires à ce deuxième gros rendez-vous (celui du stage d'hiver étant aussi un moment important pour nous, dans le karaté). Les stagiaires venaient de partout… même du pays basque !
Le stage avait son lot de techniques anciennes comme modernes. Anciennes avec les rattachements à la grue… Happoren et Hakufa, deux katas qui prennent leurs racines dans le bai he quan (1), et des techniques modernes, parfois très surprenantes lorsqu'on voit ce qu'on peut faire avec… Mais là, on ne dira rien ! Seuls les présents savent…
1 - Boxe chinoise, de la Grue Blanche
Ne pas oublier les racines, pour se souvenir de ce que les "anciens" nous ont laissés, et les mises à jour, pour tenir compte du contexte d'aujourd'hui, si différent de celui d'hier et d'ailleurs. C'est toujours avec passion que nous assistons à ce stage qui ouvre sans cesse des pistes de réflexion.
Chacun, à son niveau, apprend quelque chose de nouveau, permettant ainsi de continuer une véritable réflexion qui accompagne une vie. Des questions, parfois des réponses, souvent partielles, viennent éclairer le karatéka sur ce chemin qui doit nous mener en haut de la montagne, pour voir autre chose, qu'il n'avait sans doute pas imaginé, et qui pourtant est bien là ! Mais seul le cheminement, à travers l'effort, les échecs, peut nous permettre d'entrevoir la direction de plus en plus précise à prendre pour arriver en haut de la montagne. Seulement nombreux sont les chemins qui conduisent vers des impasses… et c'est justement ce que soké Roland Habersetzer veut nous éviter, en nous expliquant, en nous démontrant avec ses assistants, pour vivre des situations qui nous mettent le plus proche possible d'une réalité de défense qui peut nous submerger.
Même si un scénario reste une simulation, bien vécu, avec réalisme, doit conduire à une émotivité… source là encore de la connaissance de soi. Il ne faut pas oublier qu'en cas d'agression, réelle cette fois-ci, l'émotivité réagira mais peut-être pas dans la direction qu'on pourrait imaginer. C'est pourquoi il est nécessaire de vivre avec intensité l'engagement, psychologique dans un premier temps, parfois, et souvent, physique dans un deuxième.
C'est donc autour de différents thèmes que les stagiaires se sont retrouvés et ont pu mettre en situation que s'est déroulé le stage. Maintenant, comme après chaque stage, place à la pratique pour comprendre ce qui a été vécu… en attendant notre prochaine École des Cadres.
Merci à vous, Sensei, pour vos éclaircissements.
L'école des cadres 2011
Impressionnant !
L’été derrière nous, ce stage marque, comme tous les ans, un moment important au sein de notre association Dento Budo Dojo. C’est avant tout un moment de convivialité, d’échange, de partage mais aussi de recadrage. Pour cela, sensei Roland Habersetzer n’hésite pas à démontrer, expliquer, mais aussi susciter des pistes de réflexion chez chacun d’entre nous, tout en restant dans la lignée même de l’enseignement du ryu.
Si le minutage du temps d’ensoleillement tend à diminuer au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers la fin de l’année, celui de notre enthousiasme lui, bien au contraire, tend à augmenter ! Pour preuve… le nombre de cadres présents… ce qui démontre aussi que notre ryu répond véritablement à un enjeu de plus en plus présent au quotidien : celui de se défendre ! Et c’est bien légitime à voir l’actualité…
Loin du show, du spectacle, ou encore du folklore, il s’agit d’avoir une technique de défense responsable, dans la mesure, mais qui se doit d'être efficace. Lourd programme, et ambitieux, qu’on se le dise. Mais loin de l’illusion des formes sportives… Et c’est bien là aussi que se porte notre réflexion durant cette École des Cadres.
Aujourd’hui nous assistons à un tel aveuglement que de plus en plus de personnes pensent que le karaté pratiqué ne répond plus véritablement, ou seulement que partiellement, à des situations, qui peuvent apparaître dans notre société moderne, où il s’agira de faire face à une agression ! S’ils ont raison de le penser, que font-ils pour y remédier ? C’est justement une piste que nous proposons au sein même du Tengu-ryu pour être davantage en « harmonie » avec le contexte de plus en plus dégradant…
Cette école des cadres est toujours pour nous une chance. La richesse de ses acteurs si différents par leur nationalité, comme par leurs approches, est toujours au rendez-vous. Tant mieux… car cela nous oblige à aller plus loin, quitte à se tromper, mais alors on pourra modifier, réajuster, voire découvrir des situations pas forcément pensées et qui peuvent ainsi nous faire évoluer dans nos pratiques. Au-delà de nos différences, seul le résultat compte, pas celui de marquer des points… mais bien celui de préserver la vie, pour soi, pour les autres…
Kan Geiko, notre stage d'hiver
"Au Centre de Recherche Budo
- Institut Tengu "
Les stages défilent avec le temps qui passe… et pourtant, rien n’est pareil.
L’ambiance, toujours plus joyeuse, toujours plus chaleureuse, est certes un ingrédient qui donne de l’âme à un stage. Et cela attire… notamment de nouveaux karatékas. Quand on y a goûté, on éprouve une seule envie : y revenir.
Mais c’est surtout l’orientation de l’enseignement que sensei Roland Habersetzer propose, avec le soutien de ses experts, qui attire, car ses démonstrations sont proches d’une pratique qui se veut d’actualité ! Pas celle du show, pas celle des faux-semblants, pas celle non plus attachée à une tradition de l’ancien temps sans adaptation au temps présent, car le monde change, vite, très vite !
Le nombre de karatékas à ce Kan Geiko fut un véritable succès… ce qui a orienté le thème du chika-ma. Pas que ça, évidemment ! Mais pour le savoir, il fallait être là…
Des Russes et des Canadiens avaient fait le voyage pour ce stage, en plus des Allemands, des Belges, suisses et italiens… Bon, on ne va pas faire le tour de l’Europe ! Mais n’empêche que vous pouvez comprendre que notre pratique réunit les gens… car la compétition n’est pas présente chez nous.
C’est donc toujours un réel plaisir de se revoir et d’échanger entre nous, pour toujours aller plus loin dans la réflexion. Comme disait sensei, c’est l’heure où la création doit faire jour en chacun de nous, à notre niveau, mais soutenue par ces nombreuses pistes qui ont été démontrées, travaillées, puis corrigées.
Le stage est donc une opportunité pour explorer, dans un espace où à la fois le corps et l’esprit se mettent en mouvement, des chemins encore inconnus. Seuls les efforts, continus, et sans relâche, permettront d’aller plus loin, plus dans le mental que dans le physique… On peut percevoir avec du temps, et c’est normal car la technique est davantage construite, que ce qui fera la différence dans un conflit sera le mental. D’autant plus vrai lorsqu’on doit faire face à plusieurs adversaires. Cela rappelle peut-être quelques souvenirs de concepts touchant à la pratique du zen, par exemple, où le non-attachement doit être plus qu’une simple idée mais bien une réalité, et ce dans le mouvement. Vivre son mouvement c’est être libre. C’est un élément essentiel pour faire face à plusieurs adversaires, car le peu d’attachement peut engendrer une perte de temps, une sorte de fixation dans le mouvement qui peut porter préjudice à la suite d’une action et donner ainsi l’opportunité aux adversaires. La mobilité physique comme mentale – vous l’avez bien compris ! – devra rester au centre de l’action chez le défenseur.
Le kata avec un tambo a été enseigné pour la première fois. N’oublions pas qu’il existe plusieurs formes du kata « Tengu-no-Kata » – l’un des piliers du Tengu-ryu – et qui sont seulement enseignés dans les dojos du CRB-IT. Quelques katas anciens et qui ont pour origine la grue… ont été également travaillés.
Que dire, sinon un grand merci, à tous ceux qui ont participé à ce que ce stage puisse se dérouler dans de bonnes conditions ? Sinon, à l’année prochaine.
Éditorial de fin d'année
La fin de l’année 2011 approche. À regarder l’état du monde, il est difficile d’y voir une année où « tout le monde est gentil » ! Aux catastrophes naturelles, se sont rajoutées celles causées par les hommes, légitimes ou non (tout dépend dans quel camp se place-t-on ?), et qui se traduisent par des blessés ou des tués. On aurait bien voulu voir une année avec davantage de joie, d’enthousiasme, de chaleur, entre les hommes et les femmes. Mais malheureusement, soulèvements sur soulèvements ont fait jour. Sans vouloir tomber dans le catastrophisme, on peut aisément comprendre que ce mouvement est loin d’être terminé…
Il est grand temps que l’homme de demain, s’il veut un avenir plus ensoleillé pour ses descendants,… change de direction. Ce n’est évidemment pas dans la destruction qu’on arrivera à établir un univers paisible, rempli de confiance. Bien au contraire, c’est plutôt laisser s’installer des peurs, du stress, des tensions, en soi comme avec les autres. De quoi, au fond, rendre les gens de plus en plus fous dans ce climat où la violence, verbale comme physique, grandit inexorablement. Alors comment faire pour contre balancer cette tendance qui nous amène tout doucement vers un éventuel, et non souhaité, chaos ?
On le sait, c’est toujours de la faute des autres, jamais de soi. Et pourtant, si chacun d’entre nous commençait à s’occuper de soi, sans pour autant que cela nuise à ce qui n’est pas soi – ce que visiblement un dictateur ne peut comprendre – ce serait un grand pas, car tout comportement qui tendrait à vouloir s’améliorer permettrait une relation plus authentique avec son environnement.
La force de la pratique d’un art martial – pas d’une pratique sportive, je le précise ! – aide avec raison à comprendre une chose essentielle : c’est la construction d’un être plus évolué qui est visée. À savoir, l’humain quittant (sans jamais la quitter en sa totalité car faisant partie même de sa nature) petit à petit son animalité pour se rapprocher de l’Homme. Celui qui tend la main avec douceur plutôt que celui qui frappe du poing !
Le chemin est encore long pour que l’humanité dans sa totalité puisse comprendre que seul le salut pourra se faire qu’avec une autre attitude que celle que nous connaissons aujourd’hui. Cela demande, pour celles et ceux qui l’ont compris, à passer du temps avec ceux qui n’ont pas compris, en expliquant qu’il existe une autre façon de faire. Il en est, à ce niveau, de la responsabilité de chacun, en opérant juste autour de soi. Mais, dans nos sociétés dites modernes… il est aussi évident qu’on assiste à un étrange phénomène… celui de perdre son temps à travers des choses complètement secondaires. Aurions-nous perdu une certaine vigilance qui de ce fait nous fait croire à des priorités qui en réalité n’en sont pas ? C’est possible.
Les pratiques visant au bien-être fleurissent de jour en jour. Cela traduit bien une véritable demande, miroir du mal-être. Les gens sont prêts à dépenser parfois beaucoup d’argent même pour un moment de courte durée, pour cet espace-temps où le tumulte du quotidien est mis entre parenthèses. Mais la réalité réapparaît tout de suite ! Inutile de vouloir fuir, c’est bien notre monde. La seule façon de pouvoir mieux comprendre cette réalité, c’est sans doute en changeant son propre regard sur celle-ci. Cela demande, on l’a bien compris, une démarche intérieure qui aura pour conséquence quelques changements dans nos habitudes, mais aussi dans nos certitudes.
On ne pourra jamais assez insister sur le fait que la pratique d’un art martial authentique, comme nous proposons dans notre association, aide à juste titre à améliorer ses ordres de priorité dans une vie humaine. C’est aussi, reconnaître, ou réapprendre quelques valeurs précieuses, voire sacrées… souvent oubliées, et qui laissent un certain vide.
Jean-Claude Bénis