2017
Nos vœux…Nous parlions, et nous en parlons encore aujourd'hui par ses conséquences, de la crise économique fortement visible depuis l'année 2008 et qui frappe différemment les sociétés. Mais cette année 2016 a été la scène d'un nouveau type de crise d'une violence terrible, avec ces attentats qui nous font froid dans le dos et qui ont marqué nos consciences.
La société globalement calme a vu en cette année 2016 un surcroît de désordre que toute personne saine d'esprit ne peut que refuser. Qu'apporte une telle vague de violence sur notre continent européen ? Rien de bon, évidemment !
Une société en paix est forcément mieux qu'une société en guerre… les images nous le montre presque tous les jours avec ces reportages effectués, par exemple, au Proche-Orient. Nous n'avons pas encore compris – nous, l'espèce humaine – qu'il fallait arrêter de nous monter les uns contre les autres sous prétexte de nos différences, multiples, culturelles, fruit de l'histoire des peuples. Que faudra-t-il envisager pour stopper chez l'humain cette manifestation du pouvoir à vouloir imposer chez les autres ce que nous sommes ? Cette attitude individuelle, comme à une plus grande échelle, collective, qui consiste d'imposer chez les autres ses propres idées, ses actes… sous prétexte d'être dans la vérité est complètement à revoir. Partager ses idées, les communiquer, les échanger, les affiner, mais aussi les reconsidérer, les critiquer est une nécessité pour créer un cadre de vivre ensemble. La force, animale, ne sera jamais une bonne solution pour vivre en paix. Élever l'esprit restera un défi pour l'espèce humaine si elle veut continuer d'exister. Où alors, la destruction à plus grande échelle risque de se profiler devant nous. Qui souhaite cela ? Personne si nous sommes normalement constitués.
Il faudra maintenant faire attention à ne pas développer une certaine haine qui voudra se manifester en nous. Ce serait se mettre au niveau de ceux qui veulent imposer ces violences. La vigilance, face à certains discours, comme face à certains actes, sera mise à l'épreuve. C'est la réflexion qui nous permettra d'avoir des solutions justes pour mieux vivre malgré toutes ces peurs qui risquent de nous entourer. Mais qu'est-ce qu'une solution juste ? C'est notre conscience qui nous le dira… à l'image de notre esprit, élevé ou pas. Nous sommes désormais mis au pied du mur. C'est devant un tel désordre qu'il va falloir choisir… celui d'être dans la compassion, d'être dans l'amour… ou d'être dans le mal…
Si l'on veut une société en paix, il va falloir développer, pour commencer, une pensée de paix. Pas facile… mais tellement facile d'être haineux (ce qui se traduirait par être au même niveau que ceux qui veulent déstabiliser les sociétés).
Plus de paix intérieure pour plus de paix dans vos mots comme dans vos actes est un vœu que nous vous souhaitons. De l'entraide, il en faudra sans doute davantage encore, de la joie et de la bonne humeur, nous vous le souhaitons. Mais aussi, la santé, sous toutes ses formes… cultivez-la.
Nos meilleurs vœux les plus sincères puissent vous accompagner durant cette année 2017.
Décembre 2016, Jean-Claude Bénis
Stage de Bagua zang
avec, Pierre PORTOCARRERO.
Une première pour notre association dans la pratique du Bagua Zhang (ou encore, Pakua Chuan, la « main des huit trigrammes »), art interne appartenant au Neijia, comme le Tai Chi Chuan et le Xing Yi Chuan pour ne citer que les plus connus dans le domaine.
Ce premier contact à cette nouvelle pratique fut le fruit d'une concertation des membres de notre association avec Jean-Claude Bénis qui voulait offrir une ouverture chez les pratiquants du Tai Chi Chuan comme du Karaté. Pour cela, il a été demandé à sensei Pierre PORTOCARRERO d'initier à une petite vingtaine de personnes la pratique du Bagua Zhang. C'est donc sous sa direction lors de ce premier week-end du mois de janvier 2017 – nous engageons l'année avec entrain, car dans la foulée, dès ce premier lundi… une galette des rois nous attendait, mais c'est une autre histoire ! – que la reprise en ce début d'année s'effectua.
Une pratique aux aspects déroutants pour les pratiquants du Tai Chi Chuan comme du Karaté si on souligne les déplacements. Habitués souvent à se déplacer dans une forme de linéarité, cette fois-ci, la base même du déplacement intégrait complètement celle du cercle. Les repères spatiaux en prenaient donc sérieusement un coup. Cette déstabilisation a tout son sens… et faisait également penser aux derviches. Trouver une forme de stabilisation dans la déstabilisation c'est possible, à condition toutefois d'accepter un certain lâcher-prise consenti par le corps comme le mental. Pratiquer le Bagua Zhang, c'est donc admettre un nouveau regard sur soi, car tel un miroir, il renvoie parfois des sensations déstabilisantes, tant physiques que psychologiques. Le pratiquant qui joue de cette déstabilisation saura « jouer » de son corps et sentira des nouvelles lignes de force révélées davantage par la pratique à deux.
Le Bagua Zhang, inévitablement, connaît aujourd'hui de nombreuses branches. Dix-huit seraient leur nombre d'après sensei Pierre PORTOCARRERO. Quand on sait que le fondateur de cette forme de pratique, Dong Hai Chuan, de la fin du XVIIIe siècle, a eu quelque 72 disciples, on ne peut difficilement imaginer qu'il en soit autrement. Nous concernant, nous étions dans la ligne de « La paume du Dragon ».
Pratiquer le Bagua Zhang n'est pas chose facile si on veut vraiment être dans autre chose qu'un simple aspect gymnique, qui lui, est facile. Développer sa conscience dans tout le corps est un aperçu d'une de ces difficultés que peut rencontrer le pratiquant. De même que prendre des repères spatiaux dans la rondeur n'est pas là aussi chose facile.
Le bilan de ce stage a visiblement eu un impact positif chez les pratiquants. Maintenant, reste à chacun par un entraînement personnel de renforcer cette pratique, car le stage ne se suffit pas à lui-même si l'on veut vraiment progresser.
Un grand merci à Sensei Portocarrero pour sa pédagogie et son envie de transmettre cet art nouveau pour nous tous. Un prochain rendez-vous sera probablement pris dans le futur pour renforcer et progresser sur cette voie. L'avenir nous le dira…
Janvier 2017, Jean-Claude Bénis
Stage de Tengu-ryu Karaté-do
à Bruxelles
Une escapade en Belgique pour un stage de Tengu-ryu Karaté-do sous la houlette des deux plus anciens experts du CRB-IT, Alex HAUWAERT et Jacques FAIEFF, nous attendait durant ces vacances de février.
Plus d'une quarantaine de karatékas au rendez-vous, venant même d'Allemagne et de Suisse, se sont retrouvés avant notre prochain stage autour des Koshiki kata qui aura lieu le mois prochain. Mais en attendant, révision pour certains, apprentissage pour d'autres, des fondamentaux du Tengu-ryu. Les déplacements ont été mis à profit pour les kumité présentés par Jacques ou Alex.
L'ambiance, toujours aussi conviviale, dégageait une atmosphère sérieuse et studieuse. Le kata Jitte du style shotokan ainsi que le Rokkishu (du vieux style de la Grue selon feu O-Sensei Tadahiko OHTSUKA) furent présentés. À cela, de nombreux renzoku-waza, ainsi que des kumité venaient compléter l'apprentissage auquel furent rajoutés les Kumité-kata un et sept avec leurs différentes formes. Cela donnait un programme riche pour la journée du samedi.
.
.
Un travail qui parfois mélangeait les ceintures noires avec les ceintures de couleurs faisait apparaître ce très bon état d'esprit propre à notre école, le Tengu-ryu. Avant d'être ceinture noire, ce long apprentissage passe forcément par une forme de parrainage des aînés sur la Voie. C'est aussi pour cela qu'une ceinture noire doit se tourner vers les plus jeunes dans la pratique, pour encourager l'effort et ainsi progresser.
.
Un moment important de ce stage fut également le kata « Kara-Ho Tengu-no-Kata ». Comme son intitulé l'indique, ce kata à main vide fait partie de notre école et est le fruit d'une création effectuée par Soké Roland Habersetzer. Simple d'un point de vue technique, mais très compliqué dans sa mobilisation… « Inutile d'y mettre de la technique, cela existe déjà assez suffisamment par les autres katas existant dans tel ou tel style, mais c'est l'état mental qui doit être ici davantage travaillé. », propos d'un autre stage effectué par le Soké. Cela n'exclut pas ce même travail mental dans les autres katas, mais c'est l'accentuation qu'on y porte qui est ici davantage mis en avant. Cela en fait une véritable difficulté... Mais à chacun de la mesurer.
C'est avec enthousiasme que nous nous sommes tous quittés, après ce bon moment de partage. Des souvenirs ainsi s'ajouteront à la mémoire de chacun…
Et pour nous, direction Paris pour une autre aventure budo… Après la pratique de l'externe… l'interne nous attendait.
Février 2017
Jean-Claude Bénis
Stage de Bagua Zang
avec Pierre PORTOCARRERO sur Paris
Quand on aime, on ne compte pas !… Formule bien connue pour les passionnés, ce qui fut le cas pour certains d'entre nous avec ce deuxième stage de base orienté sur la pratique du Bagua Zang (ou encore, Pakua chuan).
Cette fois-ci c'est nous (Patrick et Patrick, et leur sensei Jean-Claude Bénis) qui avons fait le déplacement sur Paris. L'idée était de renforcer cette « première couche » qui nous fut enseignée par sensei Pierre PORTOCARRERO le mois dernier (janvier 2017) en Alsace. Mais aussi d'aller plus loin en abordant un deuxième mouvement parmi les huit que contient le Pakua, sans compter toutes les permutations de l'un vers l'autre.
Afin de nous aider dans notre apprentissage nous étions mis en contact avec l'un ou l'une de ses élèves qui pour certains avaient plus de quinze années de pratique dans cet art interne (Neijia). La sensation lors du contact était forcément bien différente ce qui fut riche d'enseignement. C'est d'ailleurs du contact de peau à peau que se fait le véritable apprentissage, mais avant cela un gros travail de fond doit être mis en place aussi bien par les postures que par les déplacements en solo en maintenant une attention particulière à tout le corps, et en conscience. L'aspect purement technique est un passage obligatoire mais insuffisant pour comprendre la pratique, soulignons-le.
Les sensations, en soi, comme avec le partenaire, restent primordiales pour entrer dans une bonne pratique du Pakua. Mais cela exige d'avoir acquis une bonne spatialisation de son environnement pour ne pas se laisser distraire par un côté enveloppant de la gestuelle employée. D'autant plus que la rondeur des mouvements comme des déplacements peut donner un certain tournis… L'exigence déjà connue dans les formes linéaires, davantage employées aussi bien en Tai Chi Chuan qu'en Karaté (même si évidemment le mouvement circulaire à sa place dans ces pratiques) est encore d'un autre niveau ici. Mais si le pratiquant garde à l'esprit le centre du cercle comme repère il peut s'en sortir… encore que ce centre, peut également bouger lorsqu'on se déplace sur un autre cercle… mais c'est pour nous encore loin. Gardons à l'esprit que le stage de base est fait justement pour acquérir les racines du Pakua.
Nous ne pouvons que remercier Pierre PORTOCARRERO et certains de ces élèves qui nous ont permis de progresser dans une excellente ambiance où le Ki du dojo était sain… tellement essentiel dans cette période.
Suite à ce stage, et après discussion avec les membres du Dento Budo Dojo, nous envisageons sérieusement de continuer la pratique du Pakua. Un atout supplémentaire pour la compréhension subtile de notre école, le Tengu-ryu. A suivre…
Février 2017
Jean-Claude Bénis
Le passage de grade 2017 ...
Cette année, au Dento Budo Dojo, une candidate se présentait pour le passage de la ceinture noire. Les années précédentes, la grippe entravait systématiquement Nathalie pour cette épreuve tant attendue pour le shodan. Enfin, sa présence fut effective, et dans de bonnes conditions.Un mois de mars positif pour Nathalie puisque l'aboutissement fut couronné par le succès, que nous attendions tous… Une forme de délivrance après tant d'années de préparation.
Une préparation soutenue par les sempai du dojo (Patrick, Didier et Sébastien), constamment, avec une volonté manifeste tant pour eux que pour Nathalie. La récompense a pu être au rendez-vous suite à cette épreuve tant physique que psychologique.
Les ceintures noires ont ce souvenir, personnel, mais bien ancré dans la mémoire du corps… du prix "à payer" pour aboutir à ce niveau.
Un niveau malgré tout qu'il faut bien relativiser… car d'autres épreuves se profilent devant soi sur ce chemin qui n'en finit jamais. La ceinture noire au niveau shodan (le premier niveau), est l'entrée dans les "études supérieures". C'est là qu'on commence vraiment l'étude du karaté-do. La base étant posée – et qui reste toujours à être améliorée — il s'agira de rentrer davantage dans la profondeur. Une profondeur qui verra ses objectifs changer en cours de route...
Les niveaux supérieurs dans la graduation du ryu parlent d'eux-mêmes. Dans la Tradition, le titre que l'on porte a un véritable sens. Preuve d'une technique qui mûrit au cours de l'évolution, surtout dans les premiers niveaux de la ceinture noire, mais aussi celle de l'esprit dans les niveaux supérieurs. C'est cette compréhension, subtile, mariant le corps et l'esprit, qui démontre cette position. Malheureusement, dans certains milieux "martiaux", il y a parfois une discordance entre le soi-disant grade porté par la personne et la personnalité de celle-ci. Mais dans ce cas, nous ne sommes plus dans le Budo… n'est-ce pas !Un grand bravo pour Nathalie de tous les budokas du dojo. Et surtout… nos encouragements pour poursuivre ce chemin qui réserve tant de surprises.
Le stage Koshiki kata
Le dimanche matin fut consacré au Koshiki kata. Le contraste avec la pratique du Tengu-ryu karatedo est réel mais les karatékas en redemandent chaque année… car les racines sont bien là.Nous savons que de véritables secrets d'efficacité existent dans la pratique de ces formes anciennes, à condition toutefois d'y consacrer beaucoup de temps ; construire l'"interne" l'exige ! Au Dento d'ailleurs, notre sensei explique ces apports de l'ancien qu'on peut mettre dans le moderne, tout en respectant les koshiki qui ne doivent pas être altérés si l'on veut garder les clés qui leur appartiennent. C'est une réflexion très intéressante lorsqu'elle est illustrée par des kumite.
Pour la première fois, un kata de style Goju-ryu nous fut enseigné par O-Sensei Habersetzer, reçu par feu O-Sensei Tsuneyoshi OGURA, Seienchin, pour le citer, connu de certains karatékas. Notre sensei, Jean-Claude Bénis, en connaît lui-même deux formes différentes : l'une venant de Noguchi sensei – une forme ancienne — et une venant du Goju de O-Sensei Meitoku YAGI qui est okinawaienne.
D'autres formes anciennes furent revues pour corriger les inévitables erreurs qu'on peut aisément cumuler avec le temps.
Notre prochain rendez-vous sera celui du stage de Printemps que nous attendons avec impatience, sans pour autant vouloir accélérer le temps… nous ne sommes pas pressés de vieillir !
Stage de Printemps 2017
C'est toujours avec joie que notre association participe au stage de printemps, animé par le Soké du ryu, Roland Habersetzer, et assisté par ses experts. Alex HAUWAERT, pour des raisons professionnelles… n'a pu être parmi nous, ce qui ne nous a pas empêchés d'avoir une pensé chaleureuse qui lui était destinée de tout cœur.
Plus de quatre-vingts karatékas étaient au rendez-vous, avec des « extérieurs » de plus en plus présents à ce stage, sans parler de ceux qui viennent également au stage d'hiver : kan geiko. Cela fait plaisir de voir que des karatékas reconsidèrent parfois certains paramètres de leur pratique. La société change, de plus en plus vite, et il est urgent qu'une pratique martiale comme la nôtre puisse s'adapter, mais plus encore, répondre, aux nouvelles formes de violences que veulent parfois nous soumettre certains égarés au comportement purement irresponsable.
Le contexte actuel nous montre que la jeunesse ne répond pas forcément à ces nouvelles exigences sociétales… à croire qu'on ne se pose pas assez de questions qui visent des choses essentielles de notre existence. En effet, pour preuve, les dojos montrent qu'à la rentrée les « nouveaux » sont souvent absents.
Mais il reste cependant un espoir ! La première raison de le penser, c'est l'assiduité que montrent les karatékas présents maintenant depuis plus de trente ans pour certains… ce qui montre bien que nous sommes dans le vrai. Nous sommes assez intelligents pour voir que si notre pratique du karaté avec tous ses apports modernes et introduits ne répondait pas à un questionnement de fond, nous aurions déjà passé notre chemin. C'est aussi simple que ça.
Une deuxième raison de cet espoir est celle de la transmission des concepts véhiculés dans le Tengu-ryu Karatedo. L'idée même a pour conséquence de questionner plus en profondeur sur le sens qu'on veut donner à notre pratique du karaté. Dans la Tradition, la visée n'est pas seulement orientée à l'acquisition d'une technique de défense mais vise bien à l'élévation spirituelle de l'Homme. Tout un programme. Le guerrier responsable, mieux, accompli, demande une exigence qui dépasse la simple maîtrise technique. Cela demande également des compétences langagières car transmettre c'est aussi expliquer, et l'implication des mots employés doit aider les élèves à davantage de responsabilité dans leurs actes au quotidien. C'est une véritable éducation du comportement. Il ne s'agit donc pas de devenir une « bête de combat », une brute épaisse pour qui la vie n'a pas d'importance. Mais bien d'une personne qui protège, à commencer par se protéger, mais aussi protéger les autres. Mais attention, il ne s'agit pas non plus de s'incliner sans rien faire… la soumission n'a pas sa place face à des comportements qui se veulent destructeurs envers les autres. Il n'y a aucune raison, valable, de se laisser détruire. Encore moins de détruire les autres… ou alors, on a affaire à des comportements bestiaux… et on se dit être des êtres supérieurs, civilisés ! Les animaux eux-mêmes n'ont pas cette sauvagerie qui peut être manifestée par certains humains…
Enfin une troisième raison… celle de voir des karatékas extérieurs au ryu, et de plus en plus nombreux – ce qu'on appelle des soto deshi, lorsqu'il y a un véritable engagement, une assiduité visible — et qui n'hésitent pas à revenir malgré parfois une distance qui n'est pas des moindre entre leur domicile et Strasbourg. Cela montre qu'opère un véritable questionnement sur le sens de la pratique. Nous voyons davantage d'adultes, d'un certain niveau de karaté (jusqu'au 5e dan), n'hésitant pas à remettre en question l'approche de leur technique. Par exemple, les kumite face à plusieurs adversaires, sont d'un très haut niveau de complexité, par l'approche technique, mais surtout psychologique et tactique. La compétition dans les milieux sportifs n'aborde pas cette pratique, et pourtant, elle est essentielle aujourd'hui du fait de l'augmentation d'attaques effectuées par groupe.
Les concepts étudiés perturbent nos habitudes car ils bousculent le confort mis en œuvre dans les dojos : ne pas s'attacher au(x) résultat(s), ne pas se fixer, car toutes formes d'attaches vous rendent prisonnier sur un protagoniste, sur un fait, et ouvrant ainsi la porte à une éventuelle action qui peut vous prendre de vitesse et à laquelle vous ne vous y attendiez pas. De nombreux stratèges expliquent bien qu'il faut être sans cesse en mouvement… Mais on pense trop souvent au corps, pas assez à l'attention, au regard… dont la mobilité devra sans cesse opérer.Sans vouloir en faire une liste, les concepts étudiés et démontrés étaient de différents niveaux de subtilité. Pour cela, sans une technique déjà bien mise en place, l'étude des kumité pouvait sembler difficile, voire impossible, alors qu'il n'en était rien. Comme le soulignait O-Sensei, il ne s'agit pas de refaire sa technique, mais de l'utiliser autrement.
Un stage comme celui-ci, demande un engagement davantage mental que physique, ce qui fatigue énormément si on le fait bien. Mais attention de ne pas tomber dans la routine, néfaste pour une réponse juste.
Dans cette atmosphère estudiantine, il a fallu malgré tout le plaisir que nous y avions mis, que cela s'arrête. Maintenant, c'était l'heure du retour, avec nos souvenirs, qui nous attendait, avec une dose de fatigue supplémentaire ! L'essentiel, au fond, c'est d'avoir enrichi la pratique du karaté, ce qui semble avoir été un objectif atteint.
Merci à O-Sensei Roland HABERSETZER et à ses sempai pour l'encadrement de ce stage, avec tout le sérieux et la pédagogie au service des progrès de chacun.
Patrick McCarthy et Roland Habersetzer…
Une rencontre inédite lors d'un stage.
Rencontre renouvelée avec Sensei Patrick McCarthy pour cette deuxième édition en Alsace, mais cette fois-ci, avec un extra… puisque Sensei Roland Habersetzer était également présent pour l'après-midi du samedi. Deux spécialistes du Bubishi, faut-il le rappeler ? Ce fut donc un moment privilégié que de voir deux O-Sensei se retrouver, dans le cadre d'un stage organisé par Serge Heckel que l'on doit remercier, car sans lui, cette rencontre n'aurait pu avoir lieu.
Souhaitons que l'année prochaine ce rendez-vous puisse se renouveler, car une certaine déception quant au nombre de participants doit être soulignée. C'est du vivant des personnes que l'on peut vraiment bénéficier de leur enseignement, d'autant plus que ces deux grands du karaté ont vraiment matière à transmettre.
Localement, sans aller très loin… la région Grand Est a montré peu de loquacité… Quel dommage ! Que peut-on en conclure ? Les raisons ne manquent pas, entre les vraies, et les fausses pour justifier ce fort absentéisme. Triste de voir que les sensei locaux n'ont pas su mobiliser leurs élèves ou n'ont pas fait le relais… Il semblerait qu'eux-mêmes ne soient pas intéressés… leur absence le démontre. On peut percevoir à travers cette sorte de désengagement une véritable inquiétude souvent exprimée par des sensei qui eux ont soif de transmettre des valeurs profondes au sein des différents budo, telle que le karaté par exemple, puisqu'il s'agit de cela ici.
Le jutsu exprimé par Sensei McCarthy jouait sur deux tableaux, celui du karaté sur l'entrée d'un kumite, et celui du ju dans la sortie de ce kumite. Il exprimait des applications provenant de techniques anciennes, en partant de formes souvent empruntées à des koshiki kata, mais aussi aux formes modernes, tout en intégrant des comportements d'attaques assez naturelles pour finir à un contrôle au sol. Évidemment, cela ne peut fonctionner que dans le cas de l'existence d'un seul adversaire. Sensei Habersetzer quant à lui exprimait davantage un contrôle comportemental dans la finalité car ne l'oublions pas, la défense doit être proportionnelle à l'attaque, donc il s'agira dans la défense de doser, dans la mesure du possible, pour ne pas aller forcément à une destruction. Le contrôle aura alors sa place mais ne doit pas être une source de fixation sur un adversaire car d'autres peuvent apparaître ce qui est alors un véritable danger. Ne pas se battre, et ne pas subir, mais aussi… ne pas s'attacher… ce que l'immobilisation impose. Ces exemples offerts par les deux sensei sensibilisent tous karatékas pour une véritable réflexion, pour eux-mêmes, mais aussi pour le message employé face à leurs élèves dans la mesure où ils enseignent.
Un karaté sportif, qu'on se le dise, tend vers une performance d'ordre physique. Mais fatalement la loi du temps impose un jour l'effacement de celle-ci qui oriente alors la pratique vers une impasse. Alors que… le karaté que l'on dit de la Tradition – encore faut-il savoir de quoi on parle… – a beaucoup plus que la seule pratique orientée vers le physique.
Ces deux sensei, par leur engagement, défendent à leur façon une conception de la transmission de leur art. Mais l'époque nous montre qu'un certain aveuglement prédomine face aux conceptions erronées des pratiques du karaté. Ce qui crée de nombreuses nouvelles formes qui se revendiquent comme faisant partie des Arts martiaux… et qui pourtant en sont fortement éloignées ! Car l'Art martial ne se réduit pas à une seule technique de combat, mais a pour objectif de faire grandir l'être que nous sommes.
Toutefois, quelques budokas y sont encore sensibles, puisque belges, allemands, suisses, australien (il y avait une Australienne dans le groupe !) étaient présents à ce stage. On ne peut qu'espérer que dans l'avenir d'autres pratiquants puissent, ne serait-ce qu'une fois, expérimenter cette approche du budo. Mais il semblerait qu'il soit difficile de se remettre en question et de voir sa pratique évoluer vers un peu plus de… vérité. Pourtant, la quête est bien là, mais cela vous parle-t-il ?
Merci aux deux sensei, Patrick McCarthy et Roland Habersetzer, et à l'organisateur, Serge Heckel, pour ces moments précieux d'enseignement.
Juillet 2017, Jean-Claude Bénis
Pierre PORTOCARRERO
A la veille du stage d’hiver ...
... organisé par Sensei Roland HABERSETZER, nous accueillons Sensei Pierre PORTOCARRERO qui par sa gentillesse nous permet d’accéder à quelques éléments de sa connaissance martiale.
Nous avons fait un travail sur le thème des cinq éléments, ou mouvement, selon le Wu Xing Quan : Le bois (crocheter, s’agripper de la main, le Kakete), la terre (la paume de la main, le teisho), le feu (le poing), le métal (le tranchant de la main, le shuto ou le haito) et l’eau (le bout des doigts, le pic des doigts). Pour cela, un enchaînement était proposé pour expérimenter les sensations attribuées à ces cinq éléments. En voici un exemple avec celui de la Terre : ce sera ici un contact léger et souple mais bien centré au moment du toucher, (travail du centrage) – C’est de la Terre que tout peut migrer, muter… Le Feu, le Bois, le Métal et l’Eau impliquent tous une variété de sensation qui est propre à chacun.
Les sensations ne sont pas évidentes à acquérir d’emblée ; c’est le fruit d’un réel travail mais aussi celui d’une maturité technique normalement plus accessible chez un karatéka ancien dans sa pratique. L’intelligence du corps a une véritable place dans cette pratique. On peut avoir des années de pratique et pourtant passer à côté de ce qu’il faut aller chercher… Le travail personnel aura là encore une place fondamentale pour progresser. Libre à chacun de faire, ou de ne pas faire !
Notre dojo remercie grandement l’intervention de Sensei Pierre PORTOCARRERO qui, comme à son habitude, a su transmettre de sa passion du karaté et surtout donner l’envie de prospecter de nouvelles pistes dans ce budo. Cela montre une fois de plus, que la pratique du karaté enferme de nombreuses subtilités cachées.
Novembre 2017 – le jeudi 23, à Sélestat
Notre Stage d'hiver 2017
Kan Geiko
Karatékas passionnés venant souvent de très loin (on pense au groupe russe…), fidèles, jeunes ou anciens, se sont réunis une fois de plus pour ce stage d’hiver organisé et effectué en grande partie par Soké Roland HABERSETZER pour son enseignement du Tengu-no-michi.
C’est toujours un bonheur de partager ces moments d’échange dans notre ryu (école) avec l’intervention de karatékas chevronnés pour partager des idées à travers quelques démonstrations. Ce fut le cas avec Helmut et Siegfried pour la partie Kobudo, ainsi qu’une intervention de Sylvain Fily pour une idée développée d’un kumite dans l’esprit du Tengu-ryu. Ces démonstrations sont le fruit d’un travail personnel pour questionner et améliorer nos pratiques enseignées dans les dojos. Ce partage, gratuit, est là encore l’expression du Doraku - le plaisir de la Voie…
Les membres du Dento Budo Dojo en savent quelque chose, puisque c’est aussi dans cet esprit que nous travaillons sur Sélestat. Évidemment, chaque sensei exprime par sa sensibilité, ses acquis, son expérience,… des idées propres au Tengu ryu, illustrées, démontrées (le geste) et souvent expliquées (la parole) pour comprendre les enjeux sous-jacents de ce que véhicule le corps lors d’un kumite. Les enjeux sont multiples ce qui laisse peut de place à l’imprécision si l’on veut prétendre à une réussite défensive, mais plus encore, une réussite citoyenne, fruit de la mesure.
Rendre une personne responsable face à des comportements violents, on s’en doute bien, ne sera jamais une chose facile. Ne pas tendre à devenir comme ceux qui expriment cette violence est également un chalenge si l’on veut voir l’éclosion d’un être dit supérieur. Supérieur dans le fait de montrer qu’une attitude de paix sera toujours préférable à celle du combat. Malheureusement, parfois, la violence qui nous est imposée nous oblige à y répondre, mais avec humanité ! C’est un lourd débat, mais c’est aussi la philosophie que l’on se fait de son art. « Ne pas se battre, ne pas subir »…
Quelques membres de notre association ont pu participer à ce stage. Profitons-en, tant que la santé nous préserve des maux du temps, car, inexorablement, ils viendront… Soulignons-le, ou, rappelons-le, qu’une pratique intelligente du karaté maintient la santé. Seuls les excès, bien présents dans les milieux sportifs, créent les désordres et engendrent un arrêt prématuré d’une pratique qui devrait au contraire nous maintenir en forme. Le karaté-do au sens traditionnel du terme, c’est aussi une étude de soi, à travers une technique, mais plus encore, en soi… C’est une véritable introspection multidimensionnelle… le corps, l’esprit, la philosophie de la vie, le regard qu’on porte ainsi sur les autres, sur le monde, sur l’univers, sur… à chacun de compléter selon les branches d’étude qu’il rencontrera durant sa pratique.
Le plaisir reste de voir des personnes contentes, parfois même émues de ce que peut apporter un tel stage. Il est vrai que l’oreille qu’on porte aux paroles du Soké, ne peut qu’éveiller un questionnement qui fait écho en chacun de nous selon ce qu’on entend. Le degré de maturité, mais aussi de disponibilité, permettra d’entrevoir la profondeur des idées véhiculées au sein du Tengu-ryu.
On ne peut que saluer également l’investissement de certains karatékas qui ne sont pas inscrits au ryu, mais qui manifestent de plus en plus d’intérêt à ce type d’enseignement, pour preuve, leur présence qui se répète d’années en années. Ils se reconnaîtront…
Un grand merci, une fois de plus, à notre Soké du Tengu-ryu… qui rassemble, une force positive qui participe au bien de l’humanité avec ses valeurs.