Faire du karaté, tai chi chuan ou qi gong en présence du covid-19, est-ce possible ?
Une nouvelle période s’inscrit en ce moment dans l’histoire personnelle de chacun avec la cohabitation du Covid-19 que nous devons gérer. Individuellement comme collectivement, cette gestion interpelle, interroge, nous questionne sur bien des aspects de notre propre vie.
Le confinement que nous avons vécu a été l’occasion de mettre à plat de nombreux paramètres de notre existence. Prenons par exemple, celui du mouvement qui nous intéresse plus particulièrement au sein de notre association. Le mouvement a été réduit d’une manière générale durant le confinement chez la plupart d’entre nous. Faire ses soi-disant 7 000 à 10 000 pas quotidiennement n’était pas forcément facile à mettre en œuvre surtout lorsqu’on vit en appartement.
Heureusement, il existe de nombreuses activités qui permettent de bouger. La télévision a été d’une grande utilité par la contribution opérée sur certaines chaînes en montrant des séquences de mise (ou remise) en forme. Des connexions via Youtube par exemple ont également apporté leur part par des conseils divers en montrant des exercices souvent bien expliqués. Ce fut pour certains l’occasion d’insérer, au quotidien, dans l’emploi du temps des formes gymniques pour ne pas laisser le corps « endormi ». Un peu de cardio permettrait ainsi de booster la vitalité de chacun.
À l’heure de la « rentrée » scolaire des décisions seront à prendre pour le choix d’une pratique corporelle pour les personnes qui veulent, soi, maintenir une activité corporelle déjà pratiquée dans le passé, soi s’ouvrir vers quelque chose de nouveau.
Dans de nombreuses communes, un rendez-vous avec le milieu associatif a souvent lieu pour que les parents puissent prendre contact avec les intervenants d’une discipline choisie, sportive ou autre.
En ce qui nous concerne, la pratique du Karaté comme celle du Tai Chi chuan ou encore du Qi Gong, peut-elle avoir lieu ? Le problème, récurent, est celui de la distanciation. Si l’on considère qu’il faille garder une certaine distance, dans le cadre qui est celui des Arts Martiaux, nombreuses disciplines seront impactées… celles qui concernent la saisie, le toucher comme c’est le cas dans le Judo, le ju-jitsu, l’Aikido…
Heureusement, toutes les disciplines ne sont pas à mettre dans le même sac ! C’est le cas du Karaté où le gros du travail reste individuel. Ce dernier se décline sous différentes formes : le kihon (l’exécution d’une seule technique), le renzoku-waza (la combinaison des techniques pour en faire un enchaînement plus ou moins complexe selon le niveau recherché) et le kata qui reste, rappelons-le, le support de transmission du style considéré.
Puisque le travail de proximité est à proscrire dans l’environnement sanitaire actuel, on voit bien que pratiquer le karaté peut quand même avoir lieu si on se tient aux pratiques énoncées précédemment. Les formes de kumité qui nécessitent un partenaire sont ainsi exclues mais peuvent être étudiées en renzoku-waza. On perçoit bien que la pratique du karaté ne pose pas vraiment de problèmes.
Mais les décisions gouvernementales prendront-elles en compte la spécificité de chacune des disciplines martiales ? Nous avons le droit d’en douter.
N’oublions pas que dans notre association, le Dento Budo Dojo, nous ne faisons pas de compétition. Pourquoi ? Parce que pratiquer un art martial, ce n’est pas du sport même si celui-ci engage le corps ! Lors d’un combat, c’est simple, l’un des protagonistes gagne, l’autre perd. Mais lors d’une agression réelle, il s’agira de survivre, et là, ce n’est plus du jeu… C’est donc avec un état d’esprit bien différent que nous pratiquons… un autre débat s’ouvre… celui du sens de notre pratique.
Évidemment, dans le cadre de la pratique du Tai Chi Chuan, autre discipline que nous enseignons, sera exclue la pratique du Tui-Shou qui se fait avec un partenaire. Seule la partie en solitaire pourra être exécutée avec la forme qui lui correspond selon le style enseigné ; le style Yang pour notre part, plus précisément, la forme des 108 mouvements… il y a de quoi faire ! Le Qi Gong quant à lui, intégré dans chacun des cours de Tai Chi Chuan, ne pose aucun problème puisqu’il se fait toujours seul. Il faudra cependant faire attention à respecter une certaine distance avec son entourage.
Pour terminer, la pratique des disciplines évoquées, pour nous, le karaté et le Tai Chi chuan, a de nombreux avantages. Non seulement elles intègrent du mouvement, mais en plus d’une manière intelligente car construit dans la précision. C’est donc se soumettre à quelques exigences en matière de respect de soi (il ne s’agit pas de détruire son corps mais d’en améliorer ses aptitudes) comme des autres par ce partage commun. Bien fait, cela ne peut qu’améliorer la santé de tous, physique comme mental !
Ressentir du bien-être se développer en soi, même si en début de séquence cela demande quelques efforts pour changer le rythme du corps parfois léthargique, incite à la pratique régulière. Ce qui est bien également, c’est ce qu’on apprend demande au fond peu de moyens et reste à la portée de tous si on y consacre le temps nécessaire.
En ces moments difficiles avec toutes les restrictions qui naissent ici ou là, gagner en liberté devient vital, ce qu’offrent nos pratiques au Dento Budo Dojo.