Mai 2018, week-end de la Pentecôte.

La période printanière est aussi pour notre dojo un moment de rendez-vous avec un stage particulier. Le karaté en premier plan, développé avec le point de vue du Tengu-ryu, et le kobudo avec ce même état d’esprit de l’école (Ryu).

Moment toujours rempli de convivialité, d’échanges linguistiques avec le français mais aussi l’allemand, soutenant ainsi la compréhension des concepts pour les karatékas d’outre Rhin, ce stage venait à point pour renforcer la base des fondamentaux du Tengu-ryu.

Karatékas présents au stage du mois de mai 2018.

Groupe imposant lors de ce stage de printemps 2018.

Très vite, une fois ces bases revues, quelques idées issues de celles-ci furent développées par Sensei Roland Habersetzer, Soke (1) de l’école. Quittant peu à peu les aspects techniques, c’est surtout les aspects mentaux qui furent mis en avant.

Comme souvent énoncé dans notre dojo, « ne pas s’attacher » à la technique, encore moins au résultat, mais vivre l’instant présent, reste une préoccupation centrale lors d’une véritable confrontation. La philosophie du mouvement touche à une attitude comportementale. Laisser ses acquis techniques vivre permettra d’élaborer une réponse sans doute adéquate. Ce n’est évidemment pas gagné d’avance, car les émotions contraindront l’élaboration d’une juste réponse.

Afin de mieux cerner cette philosophie du mouvement, quelques concepts furent présentés, puis étudiés, à travers les quatre premières séries du Goshin no kata (2). La difficulté est d’avoir un travail carré alors que les formes présentent beaucoup de rondeur… ce qui laisse la place à de nombreuses erreurs. C’est donc avec un autre regard qu’il faut aborder ces shin kumite (nouveaux kumite), où, même si ceux-ci semblent montrer davantage de liberté, les contraintes sont vraiment nombreuses et exigeantes. Surtout sur la direction du regard…

Une autre partie du stage concernait les katas, avec, cette fois-ci, une accentuation portée sur Seienshin, bien connu des karatékas pratiquant le style Goju-ryu ou Shito-ryu. Par chance c’est un kata qui connait peu de variations d’un style ou d’un courant à un autre, même si celles-ci, fatalement, existent quand même.

Enfin, un champ d’étude fut également orienté vers quelques armes : les sai, par l’apprentissage d’un kata propre au ryu, et le tanbo avec quelques kumite. Pour cela, les hauts gradés dans ce deuxième domaine de compétence (3) furent sollicités.

L’utilisation du boken fut également travaillée dans sa forme kata, propre au ryu, rappelant ainsi la forme Karaho tengu no kata qui en est le squelette mais qui voit sa forme développée selon le type d’arme utilisée. Le concept du kata générique oriente principalement sur le travail de la mémoire musculaire, sans tomber pour autant dans une quelconque forme d’automatisation !

Notre Soke a une fois de plus remplit sa mission, celle de renforcer, de développer quelques principes du ryu, dans la plus pure tradition en liant à la fois des idées du passé avec celles d’un futur proche. C’est sans doute en anticipant des comportements sociétaux qu’on peut, peut-être (soyons humble, modeste…), faire face à des situations qui pourraient nous dépasser si on n’y avait pas pensé avant. Mais, nous le savons aussi, qu’en général lorsque cela arrive, il y a le paramètre imprévisible et pourtant là qu’il faudra traiter. Nous ne restons que des êtres humains, avec nos forces mais aussi nos faiblesses. Et pourtant, pratiquer un Budo, comme le Tengu-ryu Karatedo, dans l’esprit de la Tradition, c’est aussi se préoccuper de son environnement, des autres, sans aller forcément dans leur direction si celle-ci est celle d’une certaine violence imposée. Un pratiquant responsable doit y faire face, dans la mesure de ses moyens.

Le temps s’écoule, les années passent (nos articulations, nos muscles, disons, notre corps, nous le montre…) et pourtant il y a toujours cette appel pour partager cette même conception de l’art martial. C’est sans doute une motivation certaine, pour chacun, mais plus encore, une certitude profonde sur notre choix de pratiquer autrement le karaté, qui nous réunit à chaque fois. Nous sommes convaincus que la pratique sportive ne peut répondre à une situation réelle de défense, contrairement à ce qu’on veut faire croire au public. Dommage… le temps s’écoule, et on le perd ! Noyé dans l’illusion, loin de rentrer dans le cœur de l’art, la sueur qui se dégage de l’effort répond-elle aux véritables enjeux ? Encore faut-il définir ce que chacun met derrière ce terme « enjeux »… Survie, philosophie extirpée d’une pratique martiale, gardée une certaine forme physique, … à chacun ses choix… et sa réflexion.

 


1 – Fondateur d’une école (Ryu) dans la tradition des arts japonais.

2 – Le Goshin no kata est une création de Soké R. Habersetzer. C’est un kumite kata qui contient des concepts nouveaux vus dans l’école. Empruntant des techniques de karaté, mais pas seulement, celles-ci sont « revisitées » pour toucher à des exemples où le « naturel » prend à nouveau sa place chez le rôle de l’attaquant (Tori).

3 – Dans la pratique du Tengu-ryu, il existe trois domaines de compétence [1 à 3] : le Karaté [1], forme à mains nues (kara-ho), puis les formes avec armes (buki-ho) correspondant au Kobudo [2] et au Hojutsu [3]. Tous ces domaines correspondent à une réponse adéquate selon les contextes. C’est aussi une spécificité du Ryu.

Tengu no kamae avec le bokken.

Christian à gauche en garde avec son boken, ainsi que Patrick à droite et Sébastien au second plan.